Confidences?

La fête d'Halloween était passée depuis maintenant trois jours mais les élèves de Poudlard étaient toujours heureux de se remémorer ce moment. Wisteria en particulier: elle se rappelait de la façon dont Mrs. D'Aragon avait annoncé sa victoire à elle et à Blanche pour leurs déguisements. Elle n'y croyait toujours pas mais heureusement qu'un élève avait eu l'idée d'immortaliser cette soirée avec une photo sorcière, où on remarquait surtout Lilium et Elva qui avaient fait d'horrible grimaces. Tous les élèves eurent droit à cette photographie et il paraissait que la directrice en avait mis un exemplaire sur son bureau... Enfin, pour elle, le meilleur souvenir restait celui de sa danse avec Taniel. A vrai dire, leur slow ressemblait plus à une improvisation de danse contemporaine mais ils s'était bien amusé.
Wisteria appréciait beaucoup ce garçon blond et le comptait parmi ses amis les plus proches.

C'est en sortant de la salle commune pour aller à la bibliothèque qu'elle aperçut subversivement la silhouette d'Alistair, affalé dans un fauteuil devant l'âtre, silencieux et seul, le regard perdu dans le vide. Elle devina quelle était la cause de tant d'hébétitude et hésita un instant devant la porte, se disant que ce n'était pas ses affaires après tout. Cependant, elle eut un élan de compassion pour son camarade de Maison et alla chercher le reste de ses confiseries pour les mettre juste sous son nez.

-Tu en veux? demanda-t-elle l'air tranquille.

Voyant que le garçon ne réagissait pas, elle posa le bac sur la table basse et décida d'attaquer le vif du sujet, n'aimant pas tourner autour du pot:

-Tu ne veux peut-être pas m'en parler, mais ça pourrait te faire du bien. A propos d'Idril... chuchota-t-elle bien qu'il n'y ait qu'eux dans la Salle Commune.

Au cas où, elle ne pouvait pas prendre le risque de trahir Alistair, même si elle pensait que quelques personnes l'avait également deviné.

Alistair était assis devant la cheminée de la salle commune de Gryffondor, les yeux dans le vague, son esprit ailleurs. Depuis plusieurs semaines, le délicieux souvenir de la soirée de Halloween ne cessait de flotter dans sa mémoire. Oh, rien à voir avec sa ridicule contribution au concours de costumes, mais plutôt avec ce merveilleux moment qu'avait constitué le slow qu'il avait partagé avec Idril à la fin de la soirée. Les deux amis n'avaient rien dit durant la chanson, mais ils avaient échangé des regards longs, rougissant tour à tour, leurs respirations plus bruyantes. Cela avait été un instant complètement hors du temps pour eux deux, pour Alistair surtout. Rarement avaient-ils été si proches que lors de cette danse partagée, ce moment de douceur si agréable...

Alistair sentait que ses sentiments pour Idril échappaient de plus en plus à son contrôle. Il devait tenter de ne pas les laisser montrer de façon trop évidente, mais comment faire ? On ne pouvait pas maîtriser les battements de son coeur, surtout quand l'amour les rendait plus puissants ! De plus, cela pouvait mettre en péril l'amitié qui liait les deux enfants pour le moment, et si Alistair devait perdre Idril, le Gryffondor savait qu'il ne s'en remettrait sans doute jamais...

Le Garçon fut tiré de ses pensées par quelqu'un qui agitait un petit sac de friandises juste sous son nez. C'était sa camarade Wisteria Stevenson, qui visiblement s'inquiétait pour lui. Alistair restant silencieux, la jeune fille s'asseya près de lui. Quand elle prononça le prénom tant aimé, Alistair réagit enfin, tournant la tête vers elle. Ainsi elle savait, elle avait deviné l'ampleur des sentiments de son condisciple pour la blondinette de Poufsouffle. Le jeune garçon soupira et marmonna :

" J'aime Idril, Wisteria... je l'aime tellement que ça me fait mal... "

Alistair se frotta les yeux.

" Toute ma vie tourne autour d'elle, elle occupe mes pensées en permanence, et ça ne fait qu'augmenter... mais je crois qu'elle ne s'en rend pas compte. "

Le jeune garçon fixa le foyer de la cheminée d'un oeil vitreux. Il semblait complètement désemparé, malheureux.

-J'aime Idril, Wisteria... je l'aime tellement que ça me fait mal... révéla Alistair dans un souffle.Toute ma vie tourne autour d'elle, elle occupe mes pensées en permanence, et ça ne fait qu'augmenter... mais je crois qu'elle ne s'en rend pas compte.

Wisteria ne s'attendait pas que son camarade lui révèle immédiatement la source de ses problèmes. Elle fut assez contente car cela prouvait qu'il lui faisait confiance. Cependant, elle ne savait pas du tout comment elle pouvait faire pour lui venir en aide. Elle n'avait jamais aimé. Un silence se posa peu à peu et étrangement, ce jour-là, la salle commune était bien peu remplie, ce qui laissait leur laissait le loisir de discuter autant qu'ils le souhaitaient. Wisteria réfléchissait.

"Est-ce qu'il ira mieux s'il expliquait ses sentiments à Idril? Certainement, mais la Poufsouffle n'avait pour l'instant pas l'air de partager l'amour d'Alistair. Enfin, si c'est le cas, je pourrais toujours demander à Lilium de l'observer... Quoi que non. Cette pipelette n'est pas bête et va comprendre qu'il y a baleine sous gravillon... Comment l'aider...?"

Alistair était toujours dans cette état de semi-mélancolie quand elle lui demanda:

-Depuis combien de temps l'aimes-tu? Et je sais que c'est plutôt indiscret mais c'est pour mieux te comprendre si je te demande également de me décrire la sensation que tu ressens en voyant Idril.

Alistair regarda l'effet de ses aveux sur le visage de Wisteria. Visiblement, la jeune fille était surprise que son camarade se montre si franc avec elle, si prompt à la confidence. Mais aussitôt, Wisteria se mit à réfléchir, car elle plongea à son tour ses grands yeux sur le foyer de la cheminée. Alistair se demanda vaguement si son amie avait déjà été amoureuse, mais jamais il n'oserait lui demander, il pensait que cela ne le regardait pas. Et puis, il n'arrivait pas à imaginer quelqu'un d'aussi sérieux qu'elle laisser les élans de son coeur prendre le dessus...

Wisteria émergea soudain de sa rêverie pour demander :

-Depuis combien de temps l'aimes-tu? Et je sais que c'est plutôt indiscret mais c'est pour mieux te comprendre si je te demande également de me décrire la sensation que tu ressens en voyant Idril.

Alistair réfléchit à la question. Quand est-ce qu'il s'était réellement épris de la blondinette ? La réponse lui vint au bout de quelques instants de réflexion :

" Cela remonte à quasiment un an de ça, quand je suis allé passer les vacances de Noel en Irlande chez ses parents. J'avais désespérément besoin d'amour à l'époque, et le fait qu'elle m'invite chez elle pour passer les fêtes dans sa famille m'a fait fondre, tu vois ? "

Alistair se tut un instant puis reprit, pour répondre à la seconde question de Wisteria :

" Ce que je ressens quand je la vois ? Mon coeur s'emballe, et la chaleur envahit mon corps... je crois que ça veut tout dire non ? "

Alistair sentit le rouge lui colorer les joues. Mettre ainsi à nu ses sentiments n'était pas du tout aisé, même si Wisteria semblait être la confidente idéale...

Wisteria écouta son comparse patiemment. Il aimait Idril depuis presque un an maintenant... Il est vrai qu'elle se rappelait du retour d'Alistair de chez les Ancalimë et qu'il l'avait trouvé légèrement changé, plus jovial disons. Mais elle n'avait pas dénoté de changement chez la blondinette. Concernant ses "symptômes", elle qui n'était jamais tombée amoureuse ne pouvait pas savoir s'il s'agissait réellement d'amour. Et pour le coup, sa soeur ne pouvait pas non plus l'aider car elle aussi était une quiche dans ce domaine.

-C'est donc ça l'amour? réfléchit-elle tout haut.

Elle ne l'avait jamais ressenti pour personne dans ce cas. Si tout compte fait : pour ses parents. Son cœur s'emballe et la chaleur envahit son corps mais c'est de colère.

"Si l'amour ressemble à de la colère, j'espère ne jamais tomber amoureuse!" Cette pensée donnait à peu près le niveau d'intelligence dans ce domaine de Wisteria -en gros, c'était un cas désespéré. Mais ne dit-on pas que l'amour rend idiot? Donc, ça devrait aller dans le futur pour les sœurs Stevenson...

-Si tu veux plus m'en parler, n'hésite pas. Je ne pourrais pas trop te conseiller mais je pense que juste déballer les sentiments pourraient te faire du bien...