Signes de vie sur lit de mort [PV Alistair]

Alistair étais assis dans la salle de classe d'Histoire de la Magie. Mr Bishop ânonnait depuis bientôt une demi-heure une leçon particulièrement longue et fastidieuse, à propos des conventions de sorciers internationales. Le jeune Gryffondor observait ses camarades : les jumeaux Ancalime éprouvaient comme lui un certain mal à se concentrer sur le cours. Rose et Blanche piquaient du nez par moments, contre leur volonté pourtant. Elva ne perdait pas une parole de ce que disait le vieil homme, comme immunisée contre l'ennui. Enlil faisait lui aussi de son mieux pour se concentrer. Le cours ronronnait ainsi quand tout à coup, une chouette pénétra dans la salle de classe. Cet évènement suffit à réveiller tout le monde, interrompant Mr Bishop. Alistair se demandait encore ce qui se passait quand le volatile vint se poser sur son pupitre. Il tendit sa patte vers le jeune garçon, qui décrocha le petit bout de parchemin, libérant le hibou qui repartit aussitôt.

Alistair lut la missive. Il bondit de sa chaise, saisissant son sac et vint montrer le mot de la main de la directrice au professeur qui lui donna immédiatement l'autorisation de partir. Dans la classe c'était l'effervescence. Tout le monde semblait avoir compris qu'il s'était passé quelque chose, mais quoi ? La question était sur toutes les lèvres, et Mr Bishop peina à rétablir le calme. Alistair, pendant ce temps-là, fonçait vers la gargouille qui donnait accès au bureau de Mrs d'Aragon.

Le jeune garçon arriva très vite, pantelant, puis toqua deux fois sur le battant, qui s'ouvrit derechef. Le Gryffondor fit un pas dans la salle aux portraits ronflants ( mais Alistair avait l'impression qu'ils faisaient semblant de dormir pour en fait écouter ce qui allait se dire ).

" Professeur d'Aragon ? Vous m'avez demandé ? "

A l'invitation de la directrice, qui l'impressionnait toujours un peu, Alistair vint prendre place dans le fauteuil en face du sien, le grand bureau directorial les séparant. Mrs d'Aragon attaqua bille en tête. Le Gryffondor d'abord ne comprenait pas pourquoi la jeune femme lui parlait de l'Hôpital Ste Mangouste. Puis la suite de la phrase arriva.

Essayant de réaliser ce qu'elle était en train de lui dire, Alistair, déjà blanc de peau, devint encore plus pâle, si cela était toutefois possible. Ses mains croisées sur ses cuisses se mirent à trembler violemment...
Ainsi son père, qu'il croyait mort, était ( provisoirement ) encore de ce monde, et il souhaiter renouer des liens, si ténus devaient-ils être, avec le fils qu'il avait lâchement abandonné dans un orphelinat moldu voici plus de douze ans de ça.
Alistair tremblait de tout son corps, comme si celui-ci était incapable de contenir la tempête d'émotions qui le secouaient. Rancoeur, colère, haine, chagrin, tout cela se mêlait dans le cerveau du garçon. Comment son père osait-il se manifester maintenant, au seuil de la mort ? Encore une démarche égoiste de sa part !

Alistair essaya de parler, mais sa voix semblait l'avoir abandonné. Il prit plusieurs inspirations, et, au prix d'un effort énorme, parvint à articuler d'une voix extrêmement rauque :

" Mon père... vivant ? Mais... comment... "

Alistair aurait voulu hurler, crier qu'il se moquait complètement du fait que son père était en train de mourir, que ce serait une bonne chose quand il aurait enfin cassé sa pipe ! Mais là encore les mots se coincèrent dans sa gorge en feu. Luttant contre les larmes de rage, contre les sanglots qui menaçaient de déborder, respirant de façon désordonnée.

" Il m'a abandonné avec ma mère, et maintenant il faudrait que j'aille le voir sur son lit de mort ? "

De grosses larmes roulaient sur les joues du Gryffondor. Il était complètement perdu, désorienté, désespéré. Que devait-il faire ?

L'état dans lequel se mettait Alistair faisait manifestement de la peine à la directrice, qui choisit alors ses mots avec un soin extrême pour tenter de réconforter le jeune garçon, qui malgré sa douleur, était sensible à ses efforts.

Le Gryffondor fit un nouvel effort pour se reprendre, reprendre le contrôle de lui-même. Il n'avait jamais vu son père, l'imaginer en train de mourir de la dragoncelle ne devait en effet pas être très beau à voir... Alistair releva la tête en apprenant que Mr Cromwell avait signé l'autorisation de sortie pour son fils. Ainsi, le week-end prochain, il allait pouvoir accompagner ses amis au village, enfin ! Le premier geste d'affection qu'il avait eu pour son fils, il l'avait eu sur son lit de mort...

Alistair respirait progressivement de plus en plus normalement, se calmant. Et si tout cela permettait à Alistair d'en finir avec ses vieux démons ? Cela valait peut-être le coup non ? Voir enfin son père, écouter ce qu'il avait à lui dire... Alistair s'essuya les yeux et lâcha :

" Je suis d'accord pour y aller, surtout si vous venez avec moi professeur... j'aurai besoin de soutien... "

En bon Gryffondor, Alistair décida de faire preuve de courage et d'affronter cette épreuve que le destin lui imposait. Il en résulterait des nouvelles souffrances certes, mais le jeune garçon se sentait capables de les supporter. La paix de l'âme était à ce prix, sans nul doute.

Mrs d'Aragon hocha la tête mais ne voulait rien précipiter, repoussant la réponse à l'Hôpital au lendemain si Alistair était toujours d'accord. Le jeune garçon acquiesça à son tour. La directrice, pour l'aider à se remettre complètement, proposa alors au jeune homme de boire quelque chose. Le Gryffondor porta son choix vers une bonne tasse de thé. Alistair se servit une tasse qu'il approcha doucement de se slèvres, soufflant sur le liquide chaud pour le refroidir et avalant une petite gorgée.

Alistair écouta encore Mrs d'Aragon lui expliquer des détails non négligeables. Il apprécia grandement qu'elle lui laisse la liberté de tout dire à ses amis. Pour ce qui était des professeurs...

" Il faudra le dire à vos collègues je pense, eux croient encore que je n'aurais pas la permission de visiter le village samedi prochain donc... voilà quoi... "

Comme ces mots parurent bizarres à Alistair, tellement habitué à l'idée de ne jamais pouvoir suivre ses camarades au village qu'il avait l'impression qu'une autre personne s'exprimait par sa bouche.
Alistair sirotait lentement son thé, ses pensées se bousculant dans son crâne. Il se sentait épuisé par le tourbillon démotions qu'il venait de vivre, et ce n'était pas encore fini...

La visite à son père mourant serait, il le savait, la plus terrible épreuve de sa jeune vie.

Claria abonda dans le sens du jeune garçon pour ce qui était de prévenir le reste du staff que désormais le Gryffondor, comme ses camarades, pouvait arpenter les ruelles de Pré-Au-Lard désormais, et en toute légalité, pas comme le célèbre Harry Potter, qui avait utilisé un passage secret du château pour se rendre au village la première fois...

Lorsque le thé fut bu, et que directrice et élève se regardaient, sereins, Mrs d'Aragon proposa à Alistair de retourner directement dans sa salle commune, arguant qu'avec un tel choc, le jeune garçon n'était plus en état de suivre les cours. Le Gryffondor approuva les sages paroles de la jeune femme, tout commes celles qui lui suggéraient de parler de tout ça avec ses amis. Alistair acquiesça et se leva.

" Je le ferai n'ayez crainte. Surtout... "

La gorge d'Alistair se serra violemment.

"... que j'ai la chance d'avoir les meilleurs amis du monde. "

Alistair salua une dernière fois pour aujourd'hui Mrs d'Aragon et prit congé d'elle. Il était très touché qu'elle le soutienne ainsi, et il s'efforça de faire passer dans son dernier regard toute la gratitude qu'il était capable d'exprimer. Enfin, il tourna les talons, franchit la porte du bureau, et disparut en direction de la tour de Gryffondor.