Arrivée dans la nuit et brouillard

"QU'EST-CE QUE CA SIGNIFIE ??"

La violence du cri fit écho sur le quai obscur et embrumé sur lequel Héra venait de poser le pied. Après un long voyage dans le train noir mais confortable, elle se sentait un peu groggy. Elle n'avait aucune idée de l'heure ni du lieu. Un peu plus loin se trouvaient l'homme qu'elle avait vu à Pré-au-Lard, en train de subir les vociférations d'un grand sorcier baraqué, imposant et puissant. A côté de lui il y avait un petit homme en retrait, au long visage anguleux et à la silhouette maigre et courbée. Héra s'approcha.

"Je croyais avoir été clair : tous les élèves ! Poudlard doit être vide, plus un rat, tout le monde doit être ici, vous m'entendez, misérable petit..."

Le petit homme vit Héra s'approcher, et il posa sa main sur le coude de l'immense homme (c'était d'ailleurs bien difficile pour lui d'aller plus haut que le coude...). Aussitôt le grand se tut, et le petit type vint à la rencontre de la concierge.

"Bienvenue madame", dit-il d'une voix nasillarde et étirant son visage pointu en un sourire absolument repoussant." Bienvenue à l'Ecole Nationale de Magie. Rassemblez vos élèves s'il vous plaît, j'aimerais leurs parler."

Héra dominait le petit type d'une bonne tête, et elle trouvait son air hautain et hypocrite détestable. Pour qui se prenait-il enfin ?

Autours d'elle les anciens d'élèves de Poudlard se réunissaient, un peu perdu eux aussi.

"Bienvenue les enfants", reprit l'homme chétif et tendant une main décharnée.

Couleur du ministre : 666633

Blanche avait trouvé le trajet en train aussi confortable qu'apaisant, après tout le remue-ménage de la soirée de rentrée à Poudlard. Dans son coeur il n'y avait pas la place pour le moindre regret, que ce soit pour avoir jeté un sort à un ancien camarade ou pour avoir quitté le vieux château. Cela faisait un moment qu'elle n'aimait plus Poudlard au fond d'elle, et quitter l'école avait représenté un soulagement. C'était un nouveau départ dans la vie pour la pré adolescente, qui avait hâte de découvrir la fameuse nouvelle école crée par le Ministère.

Blanche descendit à quai dès l'arrêt de la locomotive, Rose non loin d'elle. L'ex Serpentard avait été très étonnée ( en bien ) de la réaction de l'ancienne Serdaigle aux évènements, s'attendant presque à ce que Rose lui saute dessus pour venger Alistair. Non, loin de là, les deux jeunes sorcières semblaient plus proches que jamais désormais, même si elles ne s'étaient pas parlé de tout le projet. Mais Rose s'approcha de Blanche et glissa sa main dans la sienne. Blanche haussa les sourcils et ne put davantage réfréner sa curiosité :

" Tu ne m'en veux pas pour Alistair ? " lui demanda t-elle si bas que personne d'autre ne put l'entendre.

" Il n'a eu que ce qu'il méritait. " assura Rose avec un sourire. " Tu crois qu'on va partager le même dortoir ? "

Mais avant que Blanche ne puisse tenter une réponse, un cri déchira le silence glacé des ténèbres nocturnes. La jeune fille aux cheveux blancs s'y attendaient, l'essentiel des élèves de Poudlard n'avait pas répondu aux ordres du Ministère en prenant le train pour Londres. Un sorcier baraqué s'en prenait à un autre plus petit et à la silhouette décharnée. Puis ils aperçurent la concierge, Mrs Kalensberg, qui venait vers eux. Le petit homme n'était autre que le patron de la mère de Blanche, Mr Fall, le Ministre de la Magie. Ce dernier fit rassembler les autres élèves autour de la concierge et prononça un discours aussi creux que bref. Mais Blanche n'en avait cure, elle ne voulait plus qu'une chose : aller dormir, et elle se doutait que les autres anciens Poudlardiens accueilleraient avec plaisir quelques heures de repos bienvenues.

Ballotté dans les mouvements du wagon, Enlil ne parvenait pas à trouver le repos, malgré la nuit qui l'environnait et le confort du train. Il était un peu inquiet de ne pas savoir où ils allaient, de ne pas voir le paysage et d'avoir l'impression de voyager vers le néant. Il avait sorti une photo de la poche intérieure de son sac, celle qui représentait Abel, en compagnie d'un jeune homme aux yeux clairs. Enlil eut un pincement au cœur en regardant les visages des deux hommes qu'il aimait le plus et desquels il était à présent plus loin que jamais.

En descendant sur le quai, le jeune homme fut heureux de retrouver Hadrien, Adonis, Rose et Blanche, et bien sûr Lilium. Son ancienne camarade de Poufsouffle était aussi sa première amie, celle qui l'avait accueilli l'an dernier... Ça semblait remonter à des siècles.

Ils furent accueilli par le Premier Ministre lui-même, Mr Fall. Un homme rabougri et sec, qui semblait être de ces hommes politiques qui aiment le verbiage. A la fin de son allocution Enlil aurait eut un certain nombre de questions à poser, mais depuis qu'il avait fait vœu de silence il se tenait à cette marque de protestation muette. Il se contenta de rester près de Lilium, son sac serré contre lui.

Enfin le petit groupe se mit en marche et ils arrivèrent aux dortoirs. Ils étaient bien sûr non mixtes, et Enlil suivit Hadrien et Adonis vers une chambre du couloir garçons. Il s'allongea sur le lit haut du lit superposé et chercha le sommeil, en vain.

Rose avait l'impression d'avoir été libérée d'un poids considérable. Tourner le dos à Poudlard et à ses anciens amis avait été une décision si brusque et soudaine, cela n'était en rien le comportement d'une Serdaigle. Mais voilà, au plus profond d'elle-même, la jeune fille aux cheveux bleus, comme elle l'avait prouvé juste avant de rejoindre les autres, ne voulait plus faire partie d'un groupe ou d'une maison quelconque. Depuis longtemps, elle se sentait à l'étroit, enfermée dans la bande des jumeaux ou la maison crée par Rowena. Sa personnalité désireuse de se libérer de tout lien étouffant s'était enfin éveillée en un éclair. Comme c'était bon d'être libre, de pouvoir prendre ses propres décisions, d'avoir même un semblant de maîtrise de son destin quand on avait que treize ans !

Dans ce train qui roulait à vive allure loin de Poudlard, Rose savait qu'elle laissait derrière elle son passé pour de bon. Les autres, ceux qui l'accompagnaient dans ce train, avaient-ils agi pour les mêmes motivations ? Peu lui importait après tout, ce n'était pas ses affaires. Seule une personne dans ce train lui importait...

L'arrivée sur le quai ne se fit pas en silence. Un grand sorcier baraqué n'était pas satisfait que seuls quelques élèves aient choisi de venir. Rose souriait malgré elle, pas du tout impressionnée par la gueulante du sorcier à la silhouette massive ni encore moins par le discours policé de celui qui n'était autre que le Ministre de la Magie, Mr Fall. Rose n'y prêta aucune attention et suivit Blanche en direction des bâtiments de l'ENM, traînant leurs valises roulantes à bout de bras. Les enfants se séparèrent, mais Rose et Blanche restèrent ensemble. Rien ne s'opposait manifestement à ce qu'elles partagent la même chambre, et cette perspective les réjouissait. Les deux amies se baladèrent dans le couloir reservé aux filles et Rose poussa une porte au hasard. Mazette ! Le Ministère ne s'était pas fichu d'elles ! La chambre était spacieuse, avec deux lits superposés d'apparence très accueillante, et dans le coin opposé une porte entrouverte ouvrait sur une salle de bains immaculée. Les deux filles s'observèrent, rayonnantes : elles pouvaient déjà se voir grandir ensemble dans ce cadre agréable !

Ni une ni deux, Rose et Blanche prirent leurs aises, se changeant pour mettre leurs pyjamas. Vint ensuite le moment du partage des lits. Agile comme un singe, Rose grimpa à l'échelle des lits superposés et s'attribua le lit du haut, au grand amusement de Blanche qui de toute façon s'en fichait. La jeune fille aux cheveux blancs s'allongea sur le lit du bas. En haut, Rose n'arrivait pas à fermer l'oeil. Quelques minutes plus tard, elle eut la surprise de voir Blanche monter la rejoindre.

" Cela ne t'ennuie pas si je dors avec toi ? "

" Tu es toujours la bienvenue avec moi tu le sais... " répondit Rose d'une voix douce.

Les deux filles se blottirent l'une contre l'autre et miraculeusement, un sentiment de paix si fort s'empara d'elles que le sommeil arriva enfin à les gagner peu à peu. De tous les liens que Rose avait connu dans sa jeune vie, voilà bien le seul qu'elle voulait plus que tout garder jusqu'à la mort.

Hadrien avait tout de même de la chance dans son malheur. Enfin, si malheur il y avait. Après tout, n'était-il pas parfaitement en sécurité, parfaitement là où il était censé être, dans une école agréée par l'autorité, où il apprendrait tout ce qu'il doit savoir en magie.

Oui mais le hic était : qu'est-ce qu'il "doit savoir", et qu'est ce qu'il ne doit pas? Qui décidait? Ou était le domaine de l'autorisé, et celui du prohibé? Autant de choses qu'Hadrien avait hâte de savoir. Et il faisait une confiance parfaite à l'école nationale, juste comme Maman et Papa le feraient surement.

Il leur avait écrit un courrier dans le train. Il espérait que le hibou trouverait le chemin du retour pour lui amener la réponse. Quand les anciens élève de Poudlard furent réunis sur le quai, un petit bonhomme leur fit un discours plein de confiance. Ensuite le gros garçon prit la route avec ses camarades. Sur le chemin il se faufila près de Mrs Kolensberg.

-Alors, il n'y a pas de maisons ici? Ca veut dire que je suis plus Gryffondor?

-Non, pas de maisons. Vous serez tous dans les mêmes dortoirs. Si j'ai bien compris, le ministère ne veut pas que chaque élève se sente différent des autres.

Hadrien se réjouissait de cette nouvelle! Enfin on n'allait plus le juger sur son physique! Il serait comme les autres! Avec un sourire il se dandina avec empressement sur les pas d'Enlil, content que le sort l'ai rapproché du mystérieux garçon. Son bonheur fut comblé quand il vit qu'il partagerait la chambre avec l'ancien Pouffsouffle et avec un autre premier Année du nom d'Adonis. Il espérait que ces deux-là seraient vite ses amis : après tout ils venaient du même endroit! Comblé, il se coucha et s'endormit rapidement, ayant juste  le temps d'une pensée pour Zoé... Il faudra qu'il lui écrive, bientôt...

Hors RP: