Astronomie-Chapitre Troisième (ouvert à tous)

Au sommet de la haute Tour Nord – la même qui, quelques cinquante ans plus tôt, avait reçu le titre funèbre de « Tour frappée par la foudre » - , était étendu le corps sans vie du professeur d'Astronomie.

Sans vie, pas tout à fait; quiconque aurait regardé d'un peu plus près Abel Yaréar aurait deviné la légère respiration qui animait son torse. Le visage paisible, les yeux et le bouche clos de telle sorte qu'on eût pu croire que c'était un ange qui était venu les lui fermer avec douceur, l'homme dormait. Installé dans un vieux fauteuil de cuir qui supportait sans mal d'être à l'extérieur, sous les étoiles, son corps immobile semblait auréolé de sérénité : les mains jointes sur les cuisses, les jambes à demi tendues, la tête légèrement penchée, comme pour parler à quelqu'un penché sur son épaule. Mais personne n'écoutait Abel, appuyé contre son épaule, ce soir-là; il était seul avec son sommeil sous la voûte céleste.

Pourtant le professeur ne devrait pas être ainsi plongé dans les limbes; d'ici un quart d'heure, son cours allait commencé. Les élèves, dans la Grande Salle, achevaient leur repas et rassemblaient leurs forces pour monter jusqu'à la tour. Abel lui n'avait pas mangé; il avait rangé un peu la terrasse de la tour, mis en place les pupitres et les télescopes. Puis il avait avisé son cher vieux fauteuil en plein air. Il s'y était laissé tomber, de fatigue accablé.

Était-il en train de rêver? Allez savoir. Allez savoir de quoi rêve un être fait de poussière d'étoiles et de lumière. Peut-être songeait-il en effet, et même surement, si l'on se fiait au léger sourire qui flottait sur son visage. Mais il n'y a que lui qui pourra savoir ce qui le rend si heureux, et encore.

Des pas légers commençaient à se faire entendre dans l'escalier. Les élèves arrivaient. Le fauteuil portant l'homme endormi se trouvait face à l'escalier, de sorte que les enfants tombaient directement sur cette scène si étrange de surprendre le sommeil d'autrui; cette impression d'entrer dans l'intimité de quelqu'un, quand ce quelqu'un s'est abandonné, oublié, et se révèle, comme à nu, et à son insu.

Au fur et à mesure que les pas approchaient, le professeur sortait lentement de sa torpeur. Son sommeil se faisait de plus en plus léger, il prenait conscience du cuir dans son dos et sous ses cuisses, de l'air chaud du soir, de la légère brise caressant ses cheveux comme une main tendre. Les étudiants entrèrent peu à peu, et Abel gardait les yeux fermés, prêt à se réveiller d'un moment à l'autre. Mais pas tout de suite. Pour l'instant il voulait continuer à rêver.

Cette fin d'année n'était pas aussi joyeux que ce à quoi Elva s'attendait. En effet, elle pensait que l'arrivée des vacances plongerai les élèves dans une excitation générale, mais apparemment le stresse des examens qui approchaient était plus grand. L'Italienne aussi était touchée par le phénomène, bien évidemment, seulement elle ne craignait pas de raté ses examens. Elle craignait que ses amis n'y arrivent pas et la Serdaigle n'avait pas du tout envie de savoir un de ses amis dans l'embarras. Depuis plusieurs semaine déjà, Elva passait donc la plupart de son temps à réviser, comme d'habitude me direz vous, mais cette fois-ci, elle proposait également son aide à ceux qui en avait besoins. Ainsi elle révisait pour trouver un moyen d'expliquer plus facilement les cours à ses camarades. Certes, ce n'était pas sont travail de se comporter ainsi et certains élèves lui avait bien fait remarquer. Pourtant la jeune fille continuait d'apporter son aide parce qu'elle savait que les professeurs aussi étaient débordés en ce moment, un période d'examen nécessitait aussi beaucoup de préparation derrière. De plus l'école n'ayant rouvert ses portes que depuis peu de temps, les plus jeune élèves ne pouvaient pas tous compter sur les plus vieux. Ce qui était le cas des deuxièmes années, qui n'avaient pas d'aînés à Poudlard.

La journée avait donc été bien rempli pour l'Italienne. En bonne élève, elle avait suivit tous ses cours de la journée sans protester, et avait passé ses temps de pause à la bibliothèque. Il n'y avait bien que sur le temps du midi où elle était aller dans la grande salle, mais là encore elle avait pris de quoi lire avec elle. Ce rythme de vie semblait épuisant à certain, mais Elva aimait travailler, apprendre des nouvelles choses était devenu un besoins presque vital pour elle et elle ne voyait pas non plus ce qu'elle pouvait faire en dehors des livres. Quoique, Elva pouvait toujours aller passer du temps avec ces amis dans le grand parc du Château, ce qui était assez tentant vu les douces températures en ce moment, mais vu que les examen approchaient, l'Italienne n'était maintenant plus la seule à passer son temps à réviser.

Il ne restait plus qu'un cours d'astronomie avant qu'Elva ne finisse sa journée. Bien évidemment ce cours était toujours le dernier vu qu'il fallait qu'il fasse nuit pour observer le ciel étoilé. Suivant ses camarades vers la tour d'astronomie, Elva songeait à tous ce qu'elle pourrait faire dans les jours à venir et ce qu'elle ferait également de ses vacances. Mais la petite était tellement perdue dans ses pensées qu'elle rata une des marches menant à sa prochaine salle de classe. Pour éviter de finir le nez au sol et surtout par réflexe, l'Italienne aggripa la personne qui était devant elle. Evitant de peu la catastrophe, elle s'excusa auprès de la personne qu'elle avait attrapé et poursuivit son chemin sans rien dire un mot de plus.

Le cours d'astronomie était commun aux premières et deuxièmes années, la salle était rempli d'élèves et un brouahaha incessant résonnait. Apparemment le professeur Yaréar ne s'était pas encore manifesté pour imposer le calme aux étudiants. C'est donc intriguée par cet événement que Elva passa l'entrée de la salle de classe. Ne cherchant pas de place spécifique, elle s'assit sans trop faire attention à l'emplacement de ses camarades. Il était vrai qu'en règle générale, elle préférait s'asseoir aux côté de son amie Lilium, mais cette dernière ainsi que sa grande-soeur Wisteria avaient quitté Poudlard quelques mois plus tôt pour des problèmes familliaux apparemment. Donc Elva n'avait pas vraiment d'obligation quant à la place qu'elle avait choisit. De toutes façons, elle était là pour travailler et non bavarder avec ses camarades.

Une petite minute s'écoula et tout le monde n'était pas encore tout à fait installé. Ayant déjà sortie ses cartes de la voûte céleste sur sa table, la Serdaigle laissa son regard s'évader. Elle repéra et lança quelques sourires à des visages amicaux avant de remarquer le professeur Yaréar somnoler dans son grand fauteuil. Elva ne pu s'empêcher un petit sourire en coin en le voyant dormir ainsi, cela prouvait sa théorie selon laquelle les périodes d'examen épuisait aussi les professeurs. Continuant de le fixer un petit moment, l'Italienne resta silencieuse, contrairement au reste de ses camarades. Elle doutait d'ailleurs fortement que le professeur puisse dormir dans de telle conditions, il devait juste profiter du temps que les élèves s'installent pour se reposer un peu.

Le regard de Elva quitta le grand fauteuil et fut étonné de voir au premier une tête qu'elle n'avait pas vu depuis longtemps. Wisteria. Alors les soeurs Stevenson étaient de retour à l'école ? Le petite sourire de Elva s'aggrandit, elle était contente de retrouver ses deux amies. Seulement elle ne fit rien pour faire remarquer sa présence à la Gryffondor assise devant elle. Si Lilium et Wisteria avait quittés Poudlard c'était forcément pour quelque chose di'mportant et sans doute pas des plus joyeux. Les secouer donc immédiatement ne serait pas une très bonne idée. Surtout en ce qui concernait Wisteria, Elva savait bien qu'elle était une jeune fille très mature et sa se voyait sur son visage qu'elle n'avait pas eu un passé très facile.

Depuis de nombreux jours, Blanche ne parlait plus à personne. Elle se contentait de quelques mots prononcés sur un ton glacial envers quelques uns de ses camarades. La Serpentard avait même cessé de passer du temps avec la petite bande, préférant de loin être seule désormais. La dernière fois qu'elle leur avait adressé la parole, c'était quand Alistair lui avait raconté ce qu'il avait vécu avec son père mourant à Ste-Mangouste. Depuis, plus rien. Et puis surtout, Blanche travaillait, comme jamais elle n'avait travaillé jusque là dans sa jeune vie. D'une manière générale, la blondinette s'était totalement coupée des autres, et elle le vivait bien.

Peu parmi les autres élèves de Poudlard avaient remarqué ce changement viscéral de comportement chez la Serpentard. Il faut dire qu'en ce moment l'ambiance au château était studieuse, entièrement tournée sur les révisions en vue des prochains examens. A tel point que le retour des soeurs Stevenson à Poudlard s'est fait dans la plus grande discrétion. Blanche avait bien remarqué qu'elles étaient revenues mais ne s'était pas dérangée pour leur souhaiter bon retour. Il faut dire qu'au fond, cela ne lui faisait ni chaud ni froid de les revoir, elles faisaient partie du décor, et nul n'était irremplaçable à ses yeux.

Ce soir là, Blanche suivit à bonne distance le reste des élèves qui montaient vers la tour d'Astronomie pour un nouveau cours signé Mr Yaréar. Dans la salle, elle s'installa à l'écart, un peu comme Wisteria, souriant légèrement en voyant le professeur qui somnolait. La Vert et Argent savait pourtant que le sorcier ne tarderait pas à se réveiller pour commencer le cours, et attendit patiemment, les yeux levés vers le ciel étoilé, où brillaient les étoiles...

Dans le parc qui s'assombrissait, deux formes passaient. Un garçon marchait d'un pas vif, et commençait à se diriger vers la grande porte pour rentrer au château, suivi par son chien. Enlil et Camus avaient, comme à leur habitude depuis quelques temps, sauté le repas du soir, fuyant la Grande Salle. Les deux amis entrèrent dans le Hall désert, et pendant que Camus rejoignait la Salle Commune, l'élève prenait le chemin de la haute tour d'Astronomie.

Parvenu dans la salle, il fronça les sourcils en voyant Abel affalé dans son grand fauteuil en cuir. Le Poufsouffle avait toujours trouvé que son cousin prenait son affaire de professeur trop à la légère. Il ne doutait pas des compétences et de l'intelligence d'Abel, mais son attitude était si... détachée. Son ton était si léger. Lui-même semblait léger. A ce moment, la conversation qu'il avait eu avec le Choixpeau revint comme une gifle dans l'esprit d'Enlil; « Abel, Hévèl, le vent. Le souffle, l'inconstance ». Mais l'inconstance était-elle synonyme de l'inconsistance? Paraître léger, était-ce l'être? Enlil doutait que son cousin, avec tout ce qu'il avait connu, ne porte pas de cicatrices de la vie. Mais voilà, peut-être était-il assez fort pour les cacher.

Pris dans ses pensées, il s'assit à un pupitre. Il venait de sortir sa plume et son parchemin, quand soudain il entendit un grand bruit. Lilum venait de débouler dans la salle, se jetant sur Elva. Enlil sentit une étrange joie en voyant la bonne humeur de sa première camarade de Poudlard, qu'il avait été si heureux de revoir. Abel et Lilium, tout deux en étant à leur manière, lui faisait se poser des questions. Son silence, sa tristesse, tout cela n'avait peut-être pas de sens, après tout.

Alistair avait cours d'Astronomie, comme tous ses camarades. D'habitude il ne se réjouissait guère pour aller en cours mais là, il avait une bonne raison d'être au moins un peu heureux, grâce au retour des soeurs Stevenson à Poudlard. Malheureusement, si Lilium était toujours égale à elle-même, gentille et pleine d'énergie, Wisteria semblait plus sombre que jamais. Peut-être était-ce parce que Alistair avait vu son père mourant à Ste Mangouste, mais il avait l'impression que les Stevenson avaient vécu le même genre d'épreuve pénible, affronter la mort d'un proche parent, c'était son intime conviction.

Respectant la peine de sa camarade, Alistair la laissa tranquille et alla rejoindre son amie Idril, juste derrière Wisteria et Taniel qui était venu s'asseoir près de la brune. Assise à bonne distance, Blanche n'accordait pas le moindre regard à ceux qui avaient été ses plus fidèles amis jusqu'à une époque très récente. La Serpentard avait été la lumière, le ciment de leur groupe. Aujourd'hui, la jeune fille semblait se replier sur elle-même, s'assombrissant lentement mais sûrement un peu plus chaque jour. Ce qui accablait Alistair, c'était cette sensation d'oppression, comme si il savait déjà que les choses avaient changé sans qu'il y ait quoi que ce soit qu'il puisse faire pour que tout redevienne comme avant...

Le chagrin se voyait sur son visage, et il essaya de raccrocher un sourire à ses lèvres en se tournant vers Idril, mais il vit sur le minois de son amie le reflet de sa propre mélancolie. La Poufsouffle n'était pas dupe non plus semblait-il...

HRP:

Les élèves étaient tous là, à présent; Abel gardait les yeux fermés, mais ce n'était que pour être d'autant plus présent à sa classe. Comme toujours, il ne voyait jamais aussi bien que quand il était aveugle.

Il sentait tout. La fatigue et la détermination d'Elva Di Renzo, qui supportait stoïquement la pression des examens. La jeune fille avait la tête bourdonnante, pleine d'une journée qui n'avait pas connu de pause pour laisser décanter tout ce qu'elle avait contenu. Abel se demandait si même le sommeil n'était pas utilisé par le cerveau étonnant de la Serdaigle érudite.
Puis il y avait Blanche Sregon; un esprit étonnement fermé, dans lequel Abel ne pouvait rien voir, même s'il utilisait l'occlumancie (ce qu'il ne ferait jamais). Qu'est-ce qui préoccupait à ce point la Serpentard pour s'isoler autant, pour fuir ainsi? Elle participait à ce paysage de classe si étrange, où tout les élèves s'asseyaient seuls, ouvrant des trous entre les rangées. Ce n'était pas le comportement normal de jeunes de onze ou douze ans, et Abel s'en inquiéta en se promettant d'en parler à Mrs D'Aragon.
Mais avant Miss Di Renzo et Sregon, était arrivée, la première, Miss Wisteria Stevenson. Les deux sœurs étaient parties de Poudlard avant qu'Abel eût pu les connaître, et le professeur les connaissaient par ses collègues. Il avait accueillit silencieusement l'arrivée de l'étudiante, sa démarche souple et pourtant, qui semblait lourde d'un poids trop grand pour son âge. Un enfant qui a grandit trop vite; Abel croyait le sentir, dans sa solitude, dans la rumeur de la musique qu'il percevait sans pouvoir reconnaître le morceau.
Puis Miss Stevenson deuxième du nom était entrée, si différente de sa grande sœur; elle avait accueillit Elva avec une joie magnifique à entendre. Tant de joie réchauffait le cœur et la classe. Même Enlil, isolé à un pupitre, laissa échapper un semblant de rire sans que ni lui ni personne ne s'en rende compte, personne à part l'homme aux paupières closes.
Enfin les deux jumeaux, puis Mr Cromwell, étaient arrivés. Bonheur et une étrange mélancolie se mêlaient, sans qu'Abel pût déterminer s'il se trompait ou non. Curieux, vraiment curieux.

Enfin tout le monde entra dans la salle. Sans donner le moindre signe avant-coureur, Abel se leva dans une détente extraordinaire pour un homme qui sortait du sommeil. Il fit sursauter ce qui étaient attentifs (Elva, Blanche ou Wisteria par exemple) pendant que ceux qui discutaient achevaient leur conversation. Il faisait si chaud, dans cette soirée de mai, que le professeur avait du retirer sa veste de costard habituelle, et avait remonté les manches de sa chemise. Il s'en voulait un peu d'offrir à la vue de ses élèves l'énigmatique pansement de son bras, mais il avait vraiment trop chaud.

« Mesdemoiselles, Messieurs. Heureux de vous revoir. Avant de commencer, permettez moi quelques mots.
Vous devez le savoir, les examens de fin d'année son proches. Au nom de tout le corps enseignant, je dois vous dire que nous comptons sur vous pour travailler au mieux vos épreuves. Elles conditionnent votre passage dans l'année supérieure et sont l'occasion de prouver vos qualités dans vos études suivantes.

Mais si je puis me permettre cette remarque : il est certes bon d'envisager l'avenir, de penser aux années suivantes, à vos études, à votre futur. Cependant, vous n'êtes pas sans connaître les règles élémentaires de la grammaire anglaise : "vivre" ne se conjugue pas qu'au futur, mais aussi au présent et au passé. Concernant ce dernier, pensez un peu à tout ce que vous avez accompli cette année, à toutes les choses biens que vous avez accomplis, à votre progrès. Je vois dans les yeux de certains : « Je n'ai fait aucun progrès, je suis toujours aussi misérable... » FAUX bien sûr! Je vous  en prie, croyez en vous! Et croyez en votre histoire personnelle, marquée de tant de victoires qui valent bien quelques peines, je le sais.

"Je vis", le présent simple. Je vous demande d'accorder de l'attention à cette apparente simplicité. Prenez garde au présent, à votre présent, qui n'est pas qu'une simple charnière entre passé et futur. Alors, chassez ces regards soucieux de vos visages, nous sommes en ce moment en cours d'Astronomie, il n'y a pas lieu de s'inquiéter. Ici, maintenant, profitez de ce temps présent : nous sommes ensemble, et nous nous immergeons dans l'univers des étoiles. Oubliez les examens, et partons à la recherche du bonheur d'apprendre. J'espère que vous me comprendrez. »

Devant le silence de ses camarades, Enlil eut un sourire. Abel n'était pas familier de ces longs discours, et d'ailleurs le jeune professeur était un peu gêné à la fin de sa prise de parole. Mais il reprit rapidement.

« Bien, aujourd'hui nous allons aborder la question de Pluton. Vos examens concerneront le système solaire. Ne vous inquiétez pas, je ne vous collerai pas sur des choses que nous n'avons pas vu, comme les lunes de Jupiter. Je vous conseille juste de bien revoir Mars, et de connaître les grandes lignes sur Vénus, Mercure, et Saturne. Si vous avez des questions sur l'examen, n'hésitez pas.

Bien, allons-y. Vous ne pourez pas voir pluton dans votre télescope, pas ce soir. De toute façon elle est trop loin et trop peu brillante. Je vous projette au mur une illustration de ce grand bloc fait de glace, de roche et de méthane gelé. Pluton est la dernière planète du système solaire, celle qui est le plus à l'extérieur..."

Enlil leva une main hésitante et son cousin, avec une étrange lumière dans les yeux, lui donna la parole.

-Il me semblait que... Que Pluton n'était plus une planète justement... "

-Merci Mr Yaréar!! J'espérais justement cette intervention. Vous avez tout à fait raison!! Pluton a perdu son statut de Neuvième Planète en 2006, pour prendre celui de Planète Naine. Aujourd'hui encore le débat se poursuit sur celle que mon ami et collègue Anthony Gennon a appelé « Le caillou sur-estimé ». Imaginez-vous, Pluton n'a été découverte que bien après qu'on ai renoncé à chercher une planète au-delà de Neptune. Elle est très petite, plus petite que certaine lunes de Saturne.
Elle n'a qu'un satellite, qui s'appelle Charon. Ce nom dit-il quelque chose à quelqu'un? Vous l'avez peut être déjà rencontré, qui peut me dire qui est Charon?"

Wisteria ne semblait pas avoir noté l'intervention de Taniel. Elle semblait totalement absorbée par ses pensées, au point de ne pas entendre ce que disait le professeur. Son monologue était assez long, mais passionnant. Idril écoutait chaque mot, qui faisaient sens dans son esprit. Et elle se sentit tout de suite mieux, pleine d'espoir. Il en était de même pour Taniel.

Cependant, toute l'assistance resta silencieuse. Quelque peu gêné, Mr Yaréar enchaîna alors avec son cours, portant sur Pluton. Il commença son introduction en appelant Pluton "planète", ce qui fit tiquer son cousin. Pluton était-elle réellement une planète? Le jeune professeur enchaîna, ravi par l'intervention d'Enlil, et rétablit la vérité: Pluton n'était plus considéré comme une planète depuis presque un demi siècle. Et elle avait une lune nommée Charon. Quand Abel demanda si quelqu'un savait d'où venait le nom "Charon", la jeune Poufsouffle leva la main: elle n'avait qu'une réponse approximative à la question, mais souhaitait quand même participer:

"Charon, ça vient de la mythologie grecque. C'est un des acolytes d'Hades, il me semble."

La jeune fille était contente d'avoir pu répondre à la question, grâce à des connaissances qu'elle avait eu en lisant un livre, dans la bibliothèque de ses parents. Mais elle était un peu déçue que sa mémoire lui fasse défaut: les différentes mythologies la fascinait, mais il y avait tellement de dieux, tellement de noms...

Elva n'était assise que depuis quelques minutes à peine, que quelqu'un lui cacha les yeux en lui posant la fameuse question"Devine qui c'est!". La Serdaigle sourit en entendant cela. Elle savait parfaitement qui c'était, il y avait bien qu'un personne qui pouvait contenir autant d'énergie en elle. De plus elle reconnaissait bien cette joie toujours pleine de bonne humeur, qui sans même voir son visage pouvait laisser imaginer l'expression joyeuse de la jeune jeune fille.

- Lilium !

Se retournant immédiatement, l'italienne était très heureuse de revoir son amie. D'ailleurs elle prit cette dernière ans ses bras pour lui montrer à quel point son retour la réjouissait. L'absence des soeurs Stevenson avait assez inquiété Elva. Quand on quittait Poudlard c'était rarement pour de bonnes raisons et le plus stessant c'était de ne pas connaître ces raisons. Malgré sa curiosité, la Serdaigle choisit de ne poser aucune question à son amie à propos de son absence. Après tout, cela ne la concernait pas et si Lilium et Wisteria ne voulaient pas en parler, Elva ne les forcerait pas à le faire. Même si, des fois, tout garder pour soit n'était pas une très bonne solution.

- C'est vraiment génial que vous soyez de retour ! Juste attend pour les examen, quelle chance ! Mais si tu as besoins d'aide en quoique ce soit, n'hésite pas à me demander !

Si la Serdaigle c'était montrer ironique en disant qu'elle avait de la chance d'être retour pour les examens, elle était bien sérieuse lorsqu'elle proposait son aide. Et elle ne parlait pas seulement pour les examens, Elva savait bien que la Poufsouffle n'était pas une fan des études et l'Italienne doutait fortement qu'elle ait pris le temps d'étudier chez elle. Lilium et Wisteria devaient avoir autre chose à penser. L'italienne voulait aussi que son amie sache que peut importe le problème, il y aurait quelqu'un pour l'aider et même si c'était compliqué, Elva ferait toujours de son mieux pour venir en aide à ses amies et en particulier à Lilium et Wisteria qui avaient fait beaucoup pour elle. Après tout, ces dernières lui avaient bien organiser un annoversaire des plus grandioses, elle leur était bien en partie redevable.

Le professeur Yaréar se leva alors, faisant sursauter Elva ainsi que quelques autres élèves qui guettaient depuis un petit moment le professeur. En effet, ce dernier n'avait pas bouger d'un pouce depuis leur arrivé et s'était animé si soudainement que l'italienne se demandait si c'était un geste réellement calculer ou non. Commençant son cours, le professeur d'astronomie leur parla dans un premier temps des examens. Comme le faisaient la plupart de leur professeur d'ailleurs. Mais au lieu de mettre à la pression à ses élèves, Mr Yaréar leur redonnait justement de l'espoir en leur disant que quoiqu'il arrive, la vie continuait et qu'il ne fallait pas avoir peur de ne pas pouvoir aller de l'avant. Surtout quand on regardait d'où on était partis...

Suite à ce petit message philosophique que Elva écouta avec attention, le professeur d'astronomie leur expliqua que leur examen ne porterai que sur le système solaire et qu'il n'essayerait pas de les piéger en leur posant des question sur des astres qu'ils n'avaient pas encore étudier. A cet instant il ne du y avoir que Elva qui devait être déçu. En effet, curieuse au possible, la Serdaigle avait déjà pris un peu d'avance sur le programme et elle aurait bien aimer pouvoir utiliser ces connaissances récemment acquises.

Le cours de ce soir porterait sur la planète de Pluton. Le nom de planète interloqua légèrement l'italienne. Seulement, elle n'eut pas le temps de réagir que Enlil levait déjà la main pour poser la question qu'elle se posait mentalement. Pluton n'était plus une planète depuis longtemps ! Cette remarque plut au professeur qui l'attendait apparemment. Elva prenait donc en note la réponse de Mr Yaréar à propos de Pluton quand celui-ci les interrogea sur l'origine du nom du satellite 'Charon'. Là encore, la Serdaigle connaissait la réponse mais une jeune Pousouffle en deuxième année qu'elle connaissait de vue répondit :

"Charon, ça vient de la mythologie grecque. C'est un des acolytes d'Hades, il me semble."

En entendant cette réponse assez approximative, Elva se permit de lever la main à son tour. Idril avait raison, mais manquait de précision, en même temps, la mythologie grecque était si compliquée que retenir tout les noms était compliqué. Elva elle-même avait eut du mal à s'y retrouver, d'ailleurs le mythe qui lui avait posé le plus de problème était celui de la guerre de Troie.

- Charon est le passeur des enfers. C'est lui qui fait traverser le fleuve des enfers, le Styx, aux défunts pour qu'ils atteignent le monde des morts. Mais cette traversée n'est pas gratuite et si un défunt ne peut pas payer, ce dernier est comdamné à errer sur les bords du fleuve pour cent ans.

« En effet, vous avez toutes deux parfaitement raison! » Approuva Mr Yaréar avec un grand sourire à l'intention de Miss Ancalimë et de Miss Di Renzo.

« Concernant ce droit de passage, le défunt devait en effet avoir une sorte de médaille, que l'on plaçait dans sa bouche et qui s'appelle une obole. Bref, après cette petite digression, revenons à notre caillou plutonien. Son orbite est très irrégulière; vous savez que notre Terre tourne autours du Soleil en un cercle presque parfait. Eh bien Pluton, elle, ne fait rien comme tout le monde : en décrivant un ovale, elle est parfois plus proche du soleil que ne l'est sa voisine Neptune.

Cela fait que la masse que forme le système de planète double Platon-Charon, perturbe grandement le magnétisme des autres planètes. Comme si pour vous, quand vous marchiez dans les couloirs, il y avait toujours des enfants qui couraient dans vos jambes, vous obligeant à faire des écarts pour éviter de leur rentrer dedans. Disons que votre volonté de ne pas leur marcher dessus équivaut au champ magnétique des planètes, qui tient à l'écart les autres objets de l'univers. »

Abel fit une pause, ouvrit les yeux pour apprécier le tableau que formait les élèves studieux, penchés sur leurs parchemins, le silence rompu par le grattement des plumes. De temps à autres, d'un coup de baguette, le professeur notait quelques données au tableau, faisait des schémas du système Charon-Pluton, ajoutait des indications aux illustrations qu'il projetait sur le mur.

« Avant de passer à la dernière partie du cours, portant sur les débats actuels sur Pluton et sur la ceinture de Kuiper, avez-vous des questions? Des points à éclaircir? »

Le silence accueillit les dernières paroles d'Abel. Tous les élèves, concentrés sur leurs papiers, se creusèrent la tête pour chercher une question. Mais rien ne vint, et le professeur poursuivit.

« La ceinture de Kuiper est un ensemble d'astres et de corps célestes qui gravitent autour du système solaire. Ce sont pour la plupart des astéroïdes, et quand vous voyez ce qu'on appelle des étoiles filantes, celles ci viennent la plupart du temps de cette ceinture.
Le rapport avec Pluton? Eh bien la ceinture est l'une des causes de sa perte du titre de planète. Pluton est désormais considéré comme un objet de la ceinture de Kuiper, un parmi tant d'autres, qui n'a donc aucun traitement de faveur. Elle est dès lors apparue comme un « caillou surestimé ». J'emprunte cette expression à mon collègue et ami Antoine Berkeley, auteur d'un ouvrage sur la question, que je peux vous prêter si vous voulez. Évidemment, l'expression est à prendre avec humour. Qui a dit que les scientifiques ne savaient pas rire? »

Abel lança à ses élèves un grand sourire, et tous les élèves commencèrent à ranger leurs affaires.

« Voilà, la prochaine fois qu'on se voit c'est pour l'examen, alors je n'ai qu'un conseil : mettez le paquet! Révisez, révisez, je vois que ça pour réussir. Sans mettre en péril votre intégrité physique et mentale, bien sûr! »

Le professeur partit d'un grand éclat de rire, et Enlil se dit qu'il n'y avait rien qui fût drôle. Des fois le Poufsouffle se disait que son cousin oubliait qu'il n'avait pas connu de scolarité normale, avec tout ce que cela implique comme difficultés et stress.

Jetant son sac sur son épaule, Enlil sortit seul, sans dire un mot, comme à son habitude. Il s'enfuit dans l'escalier, impatient de retrouver son lit.