La bataille de Poudlard vécue par Héra Kolensberg

La guerre. Partout les cris, les éclats, les lumières multicolores qui défilaient sous les yeux d'Héra, comme un enfant compterait les couleurs de l'arc-en-ciel. Mais son enfance, à elle, on lui avait volée. Envolée loin d'elle les journées d'été à courir après les araignées d'eau dans les mares. A présent les seules araignées étaient les hommes qui tissaient autour d'eux une toile de maléfices, dense et mortelle. L'école Poudlard s'était vidée de toute vie au moment où les élèves étaient partis, et où ceux qui restaient étaient devenus des combattants.
Héra était jeune; pourtant elle avait rallié l'Ordre du Phénix, qui était trop dépassé devant l'imminence du combat pour refuser. Bonne magicienne et courageuse, elle se battait bien. Elle faisait de son mieux.

La nuit venait de tomber, les armées de Potter se rassemblaient dans la Grande Salle. Héra fut mise dans le groupe dirigé par un grand homme noir à la voix grave qui dirigea plusieurs équipes dans différentes directions.  

-Il faut tout faire pour ne pas qu'ils atteignent le château. Nous allons monter des défenses, protéger l'enceinte.

A ce moment des jumeaux aux cheveux roux l'interrompirent :

-Kingsley? Que fait-on pour les passages secrets? Plusieurs viennent de Pré-au-Lard et débouchent dans les couloirs!

-Bien vu. Fred et Georges, partez avec deux ou trois groupes de sorciers, voir ce que vous pouvez faire.

Ainsi Héra se trouva embarquée à la suite de Georges, un peu plus âgé que lui, qui la mena, elle est deux autres sorciers, devant une statue de sorcière borgne. Descendio, la statue s'ouvrit, George et un homme se glissèrent à l'intérieur et en sortirent un moment après, couverts de poussière.

-C'est bon, le passage est effondré. Quand tout sera terminé, faudra le faire reconstruire! Je n'ose penser à la triste génération d'élèves privée de la joie des passages secrets!" Déclara Georges avec un enthousiasme qui mettait du baume au cœur. "Maintenant, direction le Saule Cogneur!"

« Quand tout sera terminé »... Derrière cette phrase banale Héra voyait s'ouvrir le gouffre du désespoir  et du chaos, celui qui bientôt ferait rage entre les murs, ce néant qui figeait le temps et qui détruisait tout espoir de futur. Les armées de Voldemort se rapprochaient. Héra traversa le parc obscur, seule avec George. Les autres avaient été appelés en renfort ailleurs, et après les deux jeunes plus personne n'avaient le droit de sortir, le danger imprégnait l'air. Elle faillit être renversée par une branche, mais George appuya à temps sur le nœud de racine pour immobiliser l'arbre. Ils s'engouffrèrent sous l'arbre et s'avancèrent dans l'étroit boyau de la terre. Après ce qui parût une éternité, George s'immobilisa.

-On approche de Pré-au-Lard. Les Mangemorts sont surement là-haut. Tu crois qu'on peut monter dans la maison?

-Pour quoi faire? Non, on se contente de boucher l'entrée.

-On pourrait la dissimuler, sans avoir besoin de la détruire. Jamais les Mangemorts n'iront chercher un passage secret dans la cabane hurlante... C'est juste que... J'ai des souvenirs ici, si tu savais le nombre de fois qu'on a pris ce passage avec Fred, sur les pas de ces chers Maraudeurs.

Héra ignorait de quoi le jeune homme parlait, qui étaient les Maraudeurs et quel genre d'escapade pouvaient bien faire les jumeaux. Mais devant l'insistance du garçon, bien qu'elle sache que c'était déraisonnable, elle accepta de monter dans la baraque. Ils se mirent à l'ouvrage, cherchant des vieux meubles, des tapis, tout pour dissimuler à la vue de quiconque la trappe dans le plancher.
Mais bien sûr ils oublièrent d'organiser leur retour. Héra s'en voulut tellement; elle qui d'habitude avait la tête sur les épaules, voilà qu'elle se retrouvait piégée. Au moment où, avec un grand vide dans l'estomac, ils s'aperçurent de leur erreur, ils entendirent des hommes pénétrer dans la maison.

-Je te dis qu'il n'y a rien à voir ici, Dolohov. Viens, le Maître veut nous rassembler.

-Attends un moment. Hominum Revelio. Ohoho, on dirait qu'on a des visiteurs...

Blancs de terreur, Georges et Héra serrèrent leurs baguettes dans leurs mains moites, et d'un accord tacite marchèrent au devant du danger. Ils tombèrent nez à nez avec deux Mangemorts qui crièrent dès qu'ils les virent. Les deux jeunes évitèrent les sorts, parvinrent à bousculer les hommes et sortirent en courant. Tout était flou dans l'esprit d'Héra. Les cris, les sorts de mort qui fusaient à ses oreilles, la respirations du rouquin qui courrait avec elle, les rues de Pré-au-Lard qu'ils enfilaient à toute vitesse tandis que d'autres poursuivants s'ajoutaient et que résonnaient une sinistre alarme indiquant une intrusion.
Ils ne surent pas par quel miracle ils s'en sortirent ce soir là. Leurs sorts touchèrent quelques Mangemorts, et les autres furent de toute évidence trop occupés à répondre à l'appel de Voldemort pour se soucier d'eux. Ils atteignirent l'entrée de Poudlard in extremis. Haletants, Héra et George rejoignirent leurs camarades de combat. La lutte n'avait pas vraiment commencée, et ils avaient déjà frôlé la mort. Et Héra avait déjà peur.

Cette peur s'insinuait en elle comme du venin, comme un lent serpent qui rampe dans les murs. On entendait presque son sifflement, venant du passé. Tuer, déchirer la chair, sang... Voldemort retournait à Poudlard, avec l'ambition de détruire. Rien ne pourrait l'en empêcher, et surtout pas elle, petite Héra. Si, il y avait de l'espoir. C'est en ce nom qu'ils se battaient tous. Harry Potter était avec eux. Ils devaient se battre et croire. Croire qu'un jour, « tout sera terminé »...