Chez Mrs Wayn ....[TERMINE]

Depuis deux jours, Alistair évitait ses amis. Il ne savait même pas pourquoi lui-même, mais en ce moment il éprouvait le besoin de rester seul, contrairement à ses premiers jours à Poudlard. Il était bien content d'avoir renoncé à trouver des passages secrets pour voir ses camarades en dehors des heures de cours, car il ne pouvait plus rester en leur compagnie trop longtemps à présent. Le Gryffondor errait régulièrement dans les couloirs du château, ou bien dans le Parc quand le temps était sec.

La directrice des Lions, le professeur Omber Wayn avait évidemment remarqué le vague à l'âme du seul élément masculin de sa maison. Le matin même, durant le petit déjeuner, Alistair avait reçu une lettre du professeur. Loin d'être une simple convocation, cette missive montrait toutes les qualités humaines de l'enseignante et à quel point elle s'inquiétait sincèrement pour Alistair. Le jeune garçon avait alors dirigé son regard vers la table des professeurs et croisé celui de sa directrice de maison, qui lui avait adressé un sourire que personne d'autre n'avait remarqué. Alistair avait alors rangé la lettre dans sa poche et mémorisé l'heure du rendez-vous, en refoulant une envie de verser une larme, puis s'en était allé en cours...

Le soir était venu. Pendant le dîner dans la Grande Salle, Alistair avait remarqué que le professeur Wayn s'était éclipsée plus tôt que les autres, bien avant le dessert même. C'était le signal pour Alistair, qui avala une part de tarte aux pommes avant de se mettre en route tout en restant sourd aux appels inquiets de ses amis. Heureusement, Blanche avait intimé l'ordre aux autres de se taire et de laisser le jeune garçon tranquille.

* Merci, Blanche ! * dit Alistair en pensée. * Tu es vraiment une fille extra ! *

Alistair monta au 4eme étage et arriva bien vite devant la porte de Mrs Wayn. Il leva le poing et donna trois petits coups, attendant qu'elle l'invite à entrer...

"Entrez !"

A l'invitation de Mrs Wayn, Alistair entra d'un pas hésitant, n'osant pas approcher du bureau de sa directrice de maison. S'apercevant de cela, la rousse lui adressa un sourire :

"Asseyez-vous, Mr Cromwell, je n'ai encore jamais mangé quiconque...!"

Alistair se décida à aller la rejoindre. Comme il approchait du bureau, Mrs Wayn sortit sa baguette et fit apparaître un fauteuil destiné à Alistair. Lentement, le Gryffondor vint s'asseoir, une expression un peu anxieuse sur son visage. Il avala sa salive à plusieurs reprises et attendit que Mrs Wayn prenne la parole...

Qu'allait-elle bien pouvoir lui dire ? Il se doutait que le fait de s'être soi-même mis à l'écart n'avait pu échapper au professeur, mais ensuite ? Allait-elle tenter de le raisonner, essayer de le comprendre ? Après tout, il ne la connaissait que peu...

"Mr Cromwell, commença-t-elle d'une voix douce, cherchant le regard d'Alistair. J'imagine que vous connaissez la raison de cet entretien... Sans attendre de réponse, Omber poursuivit. Mrs d'Aragon et moi-même avons pu constater un changement notable dans votre attitude. Rien que l'on puisse vous reprocher, rassurez-vous. Je veux parler de... votre mise à l'écart du groupe de vos amis...de cet air sombre et triste qui ne vous quitte plus depuis plusieurs jours..."

Les craintes d'Alistair furent fondées. Son comportement solitaire n'avait évidemment pas pu échapper au staff de l'école. Comment justifier en effet un tel changement dans son attitude ? Le Gryffondor l'ignorait...il se demandait par ou commencer. Fallait-il tout expliquer ? Le jeune garçon ne le souhaitait pas vraiment...mais il fallait bien au moins donner quelques explications à sa directrice de maison !

Alistair soupira et balbutia d'une voix sourde.

" Je ne sais pas quoi dire...le premier jour j'étais ravi d'être ici à Poudlard, et depuis...j'ai l'impression d'être brutalement redescendu sur Terre, comme quand on se réveille après un rêve magnifique...je me rend compte que les années à venir vont être pénibles pour moi...je ne sais pas si j'ai le niveau...je ne sais pas en fait si j'ai ma place à Poudlard ! "

Le Gryffondor ferma les yeux. Il savait que ses explications n'étaient pas du tout claires, voire confuses, mais il était incapable de formuler ce qu'il éprouvait. Il continua néanmoins :

" En ce moment j'ai un véritable besoin de m'éloigner de mes camarades et j'ignore pourquoi...j'ai le sentiment...que nous n'avons pas vraiment de choses en commun...c'est étrange mais...je crois que je ne les aime plus..."

La phrase était sortie toute seule de la bouche d'Alistair, lequel mit sa main à ses lèvres comme s'il venait de lâcher un juron.

Alistair paniquait. Que diable lui arrivait-il ???

"Je tiens à vous dire deux choses essentielles, continua-t-elle en fixant le jeune brun droit dans les yeux. Tout d'abord, nous n'acceptons pas n'importe qui à Poudlard. Les jeunes gens qui reçoivent un hibou le jour de leurs onze ans ont tous été inscrits sur les registre de l'école le jour même de leur naissance. Il n'y a aucune erreur, et chaque élève ici est un sorcier. Prétendre le contraire serait une aberration. Vous, Mr Cromwell, vous êtes un sorcier. Vous avez donc votre place à Poudlard. N'en doutez jamais."

Alistair écouta Mrs Wayn tenter de le rassurer, mais ne se sentait pas tellement mieux.


"Ensuite, l'apprentissage de la magie est, bien sûr, une tâche ardue, qui demande de l'investissement et de la persévérance. Mais vous n'êtes pas seul ! Vos camarades seront là pour vous épauler, comme vous serez là pour les aider en cas de difficultés. Et surtout, nous sommes là, nous autre membres du corps enseignant... Si nous ne pouvons vous guider sur le chemin de la connaissance à votre rythme mais avec efficacité, alors, nous avons autant de partir élever des Véracrasse dans la forêt Interdite !..."

Le Gryffondor demeura silencieux, le visage toujours fermé.

"Enfin, concernant vos amis... Je n'aurai qu'un conseil à vous donner. Ne vous brusquez pas. Vous avez besoin de solitude et de tranquillité en ce moment ? Très bien. Mais expliquez-le à vos amis... Car ils ne comprennet pas votre attitude et pourraient être blessés."

Plus facile à dire qu'à faire...Alistair n'avait aucune envie de se justifier auprès des autres. Après tout, comment être sûr que ses camarades eux-mêmes étaient parfaitement honnêtes avec lui ?

Une dernière chose... j'ai l'oeil sur vous ! Une période de tranquillité, c'est d'accord, mais si je vois cet air sinistre s'installer sur votre visage, soyez certain que vous serez bientôt reconvoqué ici ! Et n'essayez pas de me faire croire que c'est votre caractère. Je vous ai vu souriant et ouvert... C'est ainsi que je veux vous retrouver d'ici peu. Songez-y !"

Alistair fronça les sourcils. Il n'aimait pas du tout ce qu'il venait d'entendre. Qu'y pouvait-il si son coeur s'était obscurci subitement ? Et qu'est-ce que Mrs Wayn savait de lui ? Après tout, peut-être que son véritable caractère était celui du moment ? Et que l'enthousiasme des premiers jours n'était en fait qu'une sorte de comédie ?
Alistair crispa les mâchoires, indifférent au clin d'oeil de Mrs Wayn. Si jamais les profs se mettaient à interférer dans la vie privée de leurs élève, cela n'augurait rien de bon ! De quoi se mêlait-elle, à la fin ?

" Je crains que cela soit beaucoup plus difficile que ce que vous pensez, professeur...le garçon des premiers jours a disparu ! Je demande simplement que l'on me laisse tranquille ! Et quand aux autres...je ne veux plus rien avoir à faire avec eux ! "

La voix d'Alistair était dure quand il prononça la dernière phrase, et ses yeux lançaient des éclairs.

Mrs Wayn leva les mains en signe de paix, ce qui permit à Alistair de se calmer un peu.

"Je suis persuadée qu'il s'est passé un événement pour que vous changiez ainsi. Vous êtes libre de refuser d'en parler, mais je suis sûre que le garçon des premiers jours, comme vous dites, n'a pas disparu. Une autre facette de votre personnalité a simplement pris le dessus, pour le moment."

La rousse semblait vraiment s'inquiéter du fait que son élève, à force de se renfermer, puisse perdre ses amis, mais elle n'alla pas plus loin, sachant parfaitement que le jeune garçon perdrait patience pour de bon si elle insistait davantage.

" Professeur, je peux vous assurer qu'il n'y a rien eu pour provoquer ce changement ! Comme vous venez de le dire, c'est juste une autre partie de moi-même qui a pris le dessus, c'est tout ! Peut-être pour de bon, allez savoir ! "

Le coeur du Gryffondor cognait comme jamais contre ses côtes. Il était effaré au fond de lui-même de ressentir l'incroyable fureur qui dormait en lui et qui était en train de remonter en lui petit à petit.

Il respira profondément pour tenter de reprendre le contrôle et y parvint avec difficulté.

" Professeur, je ne veux plus faire partie ce qui était ma petite bande d'amis...j'ai besoin d'air, vous comprenez ? Je sais qu'au début je ne voulais pas les lâcher...mais...j'en ai assez, plus qu'assez même !

Ces mots là firent beaucoup de bien à Alistair...pendant quelques jours il avait fait partie d'un petit groupe mais cela n'était pas lui. Sa véritable personnalité de loup solitaire reprenait le dessus.

" Qu'ils aillent au diable ! " conclua le Gryffondor.

"Bien. C'est votre vie, Mr Cromwell, et je n'ai aucun droit de vous dire quoi faire. Mais sachez que si, demain ou dans un mois, vous éprouvez le besoin de parler à quelqu'un... Je serai toujours disponible. Je ne suis pas votre ennemie, je suis votre professeur et votre Directrice de maison. Il est naturel que je m'inquiète pour vous, comme je m'inquiéterais pour chaque Gryffondor, en particulier... Mais si vous estimez contrôler la situation, je vous laisse retrouver votre salle commune..."

Enfin, Mrs Wayn semblait abandonner la partie et accepter que son élève vive comme ce dernier l'entendait. Cela permit au jeune garçon de se calmer presque complètement.

" Merci professeur de le reconnaître...je vous le promet, si jamais j'éprouve le besoin de me confier à vous, je le ferais ! Mais à votre place, je n'y compterais pas trop..."

Alistair se leva, s'apprêtant à prendre congé. Il se dirigea vers la porte, s'arrêta, la main sur la poignée, et dit :

" Professeur...ne vous donnez pas de mal pour moi...je vous assure que je n'en vaut pas la peine...même mes parents m'ont abandonné, à la naissance pour être plus précis, alors ne vous rongez pas les sangs pour un garçon aussi insignifiant que moi. Bonne nuit à vous. "

Alistair referma la porte derrière lui et fila directement vers la tour de Gryffondor.